Sous le masque du divertissement, l'appauvrissement culturel, sous le masque d'une information globale, l'omission ou la sélection idéologique, sous le masque de la neutralité, les lobbies...
Ce blog a pour seul but de dévoiler quelques dysfonctionnements des media, mais aussi de pointer fautes et maladresses parfois anecdotiques voire drôles dont le nombre croissant relève d'une incompétence inquiétante.

lundi 31 août 2015

Stu Mead, scandale ?

 Source : http://lumieresurlesarts.blogspot.fr/


Une exposition de Stu Mead crée ce que les media annoncent comme un énième scandale dans le monde de l'art contemporain, sachant que les media sont les premiers à faire leur beurre avec ce genre d'offuscation prétendue.
De fait, l'expo suscite bien des interrogations voire une indignation somme toute compréhensible car la plupart des oeuvres met en scène des jeunes filles dans des situations ouvertement sexuelles, parfois même d'ordre zoophile.
Que faire ? Pour une fois je ne sais si je dois condamner ou cautionner. Non pas que l'art de Stu Mead soit étincelant au point de pardonner ses écarts, étant donné que ses œuvres, graphiquement, s'assimilent à de la bande dessinée érotique quelque peu éculée. Mais doit-on systématiquement censurer dès lors que la morale, même la plus louable, est atteinte ? Je suis le premier à défendre Sade, même si dans l'oeuvre sadien, précisons-le, ce ne sont pas les relations sexuelles qui sont intéressantes. Doit-on cacher les oeuvres de Beardsley, Loüys, Bellmer, etc ?






L'exposition de Stu Mead a lieu dans une galerie, donc hors du cadre public dans lequel évoluent normalement enfants et personnes désintéressées par la chose ; or, c'est dans la diffusion incontrôlée (ou délibérément massive pour des raisons idéologiques que je désapprouve dans ce cas) que j'ai à redire.
Ce qu'il y a d'agaçant dans le cas présent, ce sont les propos de la ministre de la culture, Fleur Pellerin, qui dit ne rien voir d'obscène dans les oeuvres exposées, d'une part, et les media qui finissent par diffuser les oeuvres à tout bout de champ, d'autre part.
L'obscénité, l'exposition ou l'apologie d'actes immoraux par le biais de l'art sont, à mon sens, une récurrence que l'on ne doit pas prohiber. Cependant, il est plus que primordial de les canaliser et d'en contrôler la diffusion. Une fois de plus, honte aux mass media.







mercredi 26 août 2015

La langue française à bout portant

Alain Rey, le lexicographe en charge de l'édition du dictionnaire Le Robert, était interviewé aujourd'hui sur France Info à l'occasion de la rentrée scolaire et donc du renouvellement du célèbre ouvrage.
Bien entendu, il fut question des nouveaux mots figurant dans la nouvelle édition. Il plait aux media de se gausser des vocables choisis chaque année, tout en les adoubant par la sorte car favorisant une absurde course à la sensation.
Ainsi, deux exemples ont été cités : zénifiant et mémérisant. Le premier n'a rien d'extraodinaire si ce n'est son inutilité. On aurait tout aussi bien pu inventer fengshuisant lorsque le fengshui était un peu plus en vogue, mais peut-être qu'à l'époque (il y a environ une dizaine d'années), la course effrénée au sensationnalisme lexical n'était pas encore un sport d'équipe composée par les fanfarons malhonnêtes et mal intentionnés des media et des mauvais élèves des institutions censés défendre les valeurs institutionnelles précisément. La langue française est proie devenue récurrente.
Mémérisant est, lui, pour le coup totalement ridicule voire honteux. Mis à part Cristina Cordula, la styliste animatrice brésilienne de M6 dont on peut douter du purisme linguistique et a fortiori en ce qui concerne la langue française, est, à ma connaissance, la seule qui utilise ce terme (ainsi que les femmes qui participent à son émission, bien sûr). Même si je ne suis pas au fait de l'ampleur de l'utilisation de ce mot, - en dehors de M6 donc -, la langue française n'a rien à y gagner, bien plus à perdre, et constater qu'Alain Rey, jadis respectable, se prête à des jeux pareils, me consterne.
 Doit-on, sous prétexte que les media relayent des aberrations de langage, autoriser et enseigner ces erreurs récurrentes que l'on entend partout depuis des années, à l'image "des gens qui croivent", qui "vouaillent", "au jour d'aujourd'hui", " à très vite", j'en passe et des meilleures... ?

La pub et ses menteurs

Marc Veyrat dans une publicité pour le jambon Madrange, Eric Fréchon qui vante les mérites du beurre Président, Robuchon qui encensait je ne sais quel café de bas étage !...
Comment croire en la sincérité de ces grands noms de la cuisine, représentants de surcroît de la sacro-sainte cuisine française (autour de laquelle tournoie un chauvinisme aveugle et ridicule bien souvent), lorsqu'ils osent nous affirmer apprécier les qualités de produits industriels ?
La publicité est travail de sape, rarement subtile, souvent illogique, parfois même idéologiquement tendancieuse.

lundi 24 août 2015

Carton rouge pour le service des sports de France Télévision

Le service des sports de France Télévisions laisse décidément à désirer depuis des années. Gérard Holtz et ses "garçons" et ses "filles" (nous parlons d'athlètes adultes (cf article plus ancien) a fait bien des émules. Outre les plans pseudo artistiques d'un caméraman, imbu d'une mission mièvre émanant de la production, sur une balle qui rebondit ou un oiseau qui picore le long d'une ligne de court ou de terrain, et ce, tandis que des évènements sportifs se déroulent, les commentateurs sont navrants voire insupportables.
Leur chauvinisme est déplorable, allant jusqu'à souhaiter la blessure des concurrents. Parfois, le favori du concours, en absence de Français, devient un ou une athlète sachant aligner trois mots de la langue de Racine ou plutôt de Jane Birkin (laquelle sait parler français sans accent hors antenne, soit dit en passant). Il faudrait rappeler à ces gens-là que le patriotisme est noble et nul ne saurait y voir une quelconque xénophobie. Le chauvinisme, lui, est le plus souvent ridicule et anti-sportif.
Aujourd'hui, lors des mondiaux d'athlétisme, l'un des commentateurs taxait le médaillé d'or du saut à la perche, l'Australien Barber, de "gamin, avec ses tâches de rousseur". Les 21 ans de celui-ci n'enlèvent rien à sa qualité d'athlète et aux efforts prodigieux et plus que respectables dont il fait preuve. Par ailleurs, ses tâches de rousseur le suivront jusqu'à la fin de sa vie. Enfin, est-il si jeune comparé à tous les autres qui n'ont guère plus de 25 ans voire moins ?
Dans leur commentaire logorrhéiques, notons également l'inadmissible propos concernant la médaille de bronze obtenue par une grande championne de triple saut, ex championne du monde, sa récompense ayant été qualifiée de "breloque" !
Qu'est-ce donc que ce service public qui bafoue les valeurs les plus fondamentales du respect d'autrui, de l'effort, de la compétition sportive ?
Et je passerai les cris et harangues puériles émis par leurs voix de faussets hystériques...

lundi 17 août 2015

Le monde du Livre


On ne cesse d’entendre qu’internet nuit gravement aux librairies traditionnelles, mais, loin d’être une réalité, cette opinion n’est qu’une information convenue et répandue, fruit d’une réflexion simpliste ayant pour seul fondement de s’investir du rôle de défendeur du gentil commerçant contre le méchant industriel sans visage ; il n’y a pas de jugement à apporter sur l’honnêteté commerciale de l’un ou de l’autre, pas plus que de conclusions globalisantes à tirer sur l’intérêt qu’offre internet aux lecteurs dans la facilité d’achat de leurs ouvrages, au détriment des points de vente traditionnels. Car le problème n’est pas là, et les librairies physiques sont confrontées à des obstacles plus dangereux que ceux que les librairies dématérialisées pourraient leur opposer.
         N’oublions pas que beaucoup de librairies se sont lancées dans l’aventure du e-commerce, qu’elles soient petites ou grandes, indépendantes ou partie d’une enseigne nationale ou multinationale. Le problème majeur n’est pas là, une fois de plus.
         La loi Lang datant du 10 août 1981 fut une bonne initiative, car imposer un seul et même prix de vente au public, compris entre 95% et 100% du prix fixé par l’éditeur, a permis que l’acheteur se retourne vers son libraire de quartier afin d’acheter le dernier best-seller alors qu’auparavant il ne le sollicitait que pour commander un livre difficile voire onéreux à obtenir (ce que les grandes librairies se permettent tout bonnement de refuser à leurs clients). Notons que le prix fixe du livre n’est pas encore connu de tous, et que le cas que j’ai cité ci-dessus se présente trop souvent encore.
         Aussi, l’une des mesures à mener par l’Etat serait de diffuser au plus large public la communication du principal alinéa de la loi en question. Qu’il s’agisse d’une grande enseigne ou autres gms et gss, d’une importante librairie indépendante ou de la maison de presse au coin de la rue, le prix de vente est le même dans la limite des 95% fixés par l’éditeur. A défaut d’autoriser la publicité des livres à la télévision (existant par ailleurs en d’autres pays d’Europe) qui ne servirait qu’une partie des acteurs du monde du livre, et pas des moindres puisqu’ils sont à l’origine du problème comme je m’en expliquerai plus tard, il serait judicieux et profitable aux librairies traditionnelles que le ministère de la Culture s’engage dans une campagne d’information médiatique au plus large spectre, notamment par le biais du petit écran.
         La deuxième mesure, plus délicate, trouve sa source dans la disparité existant entre les marges qu’un diffuseur (la force de vente d’un éditeur ou d’un ensemble d’éditeurs) peut attribuer à ses clients. Un jeune libraire peut se voir octroyer 25% de remise consentie par le diffuseur à la vente de ses livres, tandis qu’une grande enseigne se verra bénéficier d’une remise de plus de 40% par le même diffuseur. Oui, le volume de commandes d’un grand magasin, commandes qui parfois transitent par une plateforme d’achats groupés pour tous les points de vente d’une même enseigne, est cent fois parfois des milliers de fois plus conséquent que celui du petit libraire, mais plus de 15 points d’écart dans les remises accordées paraît bien exorbitant au regard de la défense du petit commerce indépendant. Ne faudrait-il pas alors réglementer l’attribution des remises afin, tout du moins, d’en atténuer l’étouffante hétérogénéité ?
         Et que dire des marges arrières, rétributions financières accordées sur le principe de dépassement d’objectif chiffré au préalable et contractuellement ? Seules les grandes enseignes bénéficient de cette récompense. Les 15 points de remise initiaux augmentent encore grâce à ce dispositif inique. Il est ainsi plus aisé de répercuter les 5% de remise autorisés par la loi. Mais 5% sur un résultat de 250000 euros à l’année pour un libraire moyen représentent la majeure partie de ses revenus !
         La troisième mesure, ayant une fois de plus les diffuseurs en ligne de mire, découle des procédés de mise en place des ouvrages par les commerciaux ou leur direction chez les libraires. Il existe dans le monde du livre une pratique particulière qui consiste en ce que l’on appelle dans le jargon : les offices. Ce sont des livres qui sont automatiquement expédiés et facturés aux libraires à parution. A l’origine, ces offices étaient établis en fonction d’une sélection des plus floues proposée au libraire et donnant accès à quelques points de remise supplémentaire. D’emblée discutable, cette pratique permet donc l’envoi systématique d’ouvrages non choisis à la référence. Mais le pire est que la quantité envoyée et donc facturée au libraire est souvent trop importante au regard du potentiel de vente de ce dernier. La sélection que j’évoquai plus haut est également imprécise du fait qu’elle ne s’appuie que sur un choix d’éditeurs ou de collections fait au libraire, contractuellement indiqué sur ce que l’on appelle la grille d’offices. Supposons que celui-ci gère une petite librairie de 50 mètres carrés dans l’Oise, rien n’empêchera qu’il ait à réceptionner un ouvrage illustré de plus de 40 euros portant sur la confiserie traditionnelle d’Aix en Provence. La grille d’offices comme ayant droit à remise complémentaire est un dispositif néfaste à abolir.
         La quatrième mesure à entreprendre, également issue d’une analyse du procédé des offices, est celle qui devrait contrôler les quantités vendues au libraire, et plus généralement, qu’il s’agisse d’offices, donc de nouveautés, ou pas, car les forces de vente ne présentent pas que les titres à paraître.  Les offices sauvages, appelés fourchettes par les commerciaux, les quantités augmentées dans la voiture après passage chez le client ou celles grossies à la louche par une direction commerciale en mal de chiffre constituent une agression inacceptable de la santé financière des libraires. Certes, le client à le droit de retourner les invendus à son diffuseur par le biais de son distributeur (celui qui s’occupe de la logistique) et d’être re-crédité de sa mise initiale, mais seulement après avoir en premier lieu payé les ouvrages concernés par le retour. Cette mesure restreint énormément la souplesse de trésorerie. Notons, par ailleurs, que certains diffuseurs-distributeurs imposent un délai de remboursement plus long que celui de la facturation antérieure. De telles pratiques sont-elles aussi à bannir et même à réprimander lorsqu’il s’agit d’augmentation indue de quantités.
          Enfin, la cinquième mesure est celle qui devrait réglementer l’attribution des marchés publics. Après avoir déterminé des zones géographiques afin d’établir une rayon d’attribution légal, chaque fois qu’une collectivité (mairie, bibliothèque, école) lance un appel d’offres aux libraires, celle-ci réceptionnerait ses ouvrages à part égale selon le nombre de ses fournisseurs potentiels sis en son périmètre d’attribution géographique.  Les libraires étant autorisés par la loi Lang à effectuer une remise aux collectivités allant jusqu’à 9% contrairement aux 5% destinés au grand public, leur marge se voyant ainsi diminuée, il serait donc sain que tous les commerces du livre puisse prétendre à ce type de ventes et pas seulement ceux dont le volume d’affaires permet de rogner légèrement sur leur bénéfice. Notons que dans bien des cas, des attributions furent faites par collusion, mais il semblerait que cela s’atténue. Une répartition équitable règlerait la question et favoriserait les petits et moyens commerces sans pour autant spolier les grandes enseignes de leur droit de vendre à l’instar de tout autre.
         La sixième mesure est des plus simples : seuls les libraires devraient avoir le droit de vendre des livres. Actuellement, les jardineries et les magasins de bricolage, pour ne citer qu’eux, proposent des livres à la vente dans leurs rayons ; à l’inverse, une librairie n’a pas le droit de vendre des plantes ou des pots de peinture. Ce ne serait donc que l’application de la logique. De même, les éditeurs ne devraient pas être autorisés à vendre en ligne, court-circuitant ainsi le réseau de la librairie et sans souffrir des marges intermédiaires.
Ces six mesures, somme toute aisées d’entreprendre,  ayant pour seul but l’équité dans un pan du monde de la culture que l’économie de marché a transformé et dont elle a accéléré le rythme (durée de vie des ouvrages moindre, augmentation du quantitatif mais diminution du qualitatif, millions de livres au pilon après une existence brève), permettraient à n’en pas douter à toute typologie de librairie d’exister et de prospérer.